jeudi 29 septembre 2016

Population carcérale


1er septembre 2015 – 1er septembre 2016 



Inflation carcérale :  + 2 700 détenus en plus en un an  ( dont + 2 000 pour les prévenus)



Surpopulation carcérale : 13 800 détenus en surnombre au 1/9/16







1.    Les chiffres de la surpopulation carcérale … 



Sur les 58 587 places opérationnelles, 4 102 sont inoccupées (821 en maisons d’arrêt et 3 281 en établissements pour peine).



Les 68 253 personnes détenues se répartissent donc dans  58 587 – 4 102 = 54 485 places.



Aussi le nombre de détenus en surnombre est-il de 68 253  – 54 485 = 13 768



Le taux de surpopulation est donc de 13 768 / 58 587 = 24 détenus en surnombre p. 100 places opérationnelles.



Sur ces 13 768 détenus en surnombre,  1 439 dorment sur un matelas posé à même le sol.





2.    Les chiffres de l’inflation carcérale : taux de croissance, sur un an, calculés au 1/9/2016. 



Population sous écrou = + 3,6 %. Population détenue = + 4,1 %. Nombre de prévenus détenus = + 11 %,  Nombre de détenus en surnombre = + 17 %. 

Nombre de détenus dormant sur un matelas posé à même le sol  =  + 60 %.



Nombre de places opérationnelles : + 1,3 %



NB. De 1er septembre  2015 au 1er septembre 2016, la population détenue a augmenté + 2 709  (accroissement absolu annuel). Voir infra la comparaison avec les chiffres du rapport du Garde des Sceaux.    

  



3.    Evolution du nombre moyen de détenus en surnombre de 2006 à 2016






2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016 *
Nombre moyen de détenus en surnombre
9 510
11 620
13 600
11 900
9 280
10 640
12 340
12 910
13 054
12 460
14 066
Taux moyen : détenus en surnombre / places opérationnelles
19 %
23 %
27 %
22 %
16 %
19 %
22 %
22 %
23 %
22 %
24 %

    * moyenne sur les 9 premiers mois





4 . A propos des projections présentées dans le rapport du Garde des Sceaux  « En finir avec la surpopulation carcérale »  



Dans ce  rapport, le Garde des Sceaux  n’échappe pas à la tentation d’extrapoler les tendances passées du nombre de détenus,  après avoir, tout de même,  rappelé que les mots « projection »,  « perspective » et « prévision » n’ont pas le même sens.

Ainsi, prétendant s’appuyer sur des évolutions récentes, le rapport  propose deux hypothèses d’accroissement absolu annuel constant sur les 9 ans à venir.  Dans l’hypothèse basse,  le rapport cite le chiffre de 67 137 détenus au 1er janvier 2025, ce qui donne à compter du 1er janvier 2016  ( 66 678 détenus), une pente annuelle  de  + 51 détenus .  Dans  l’hypothèse haute retenue, le chiffre est de 76 254 au 1er janvier 2015. Ce qui donne une pente  annuelle de 1 064  détenus.



Ainsi l’accroissement  absolu annuel  à venir pourrait, d’après le rapport, être compris entre 0 et 1 100 détenus de plus par an.  Rappelons  que l’accroissement absolu  annuel a considérablement varié au cours des années 2012-2015 :  2012 = + 1 785 ;  2013 =  + 503 ; 2014 =  - 805 ; 2015 : + 408, accroissement  absolue annuel moyen sur 2012-2015 =  + 472. 



Mais, plus important,  ces hypothèses ne tiennent pas compte de la rupture de tendance observée depuis janvier 2016. Aujourd’hui (1/9/2016) la pente est de plus de 2 700 détenus de plus par an, soit près trois fois plus que l’hypothèse « haute » du rapport.  Faute d’outils statistiques idoines, il est impossible d’analyser les raisons de cette rupture récente de tendance. Devant une telle ignorance, ne serait-il pas absurde d’extrapoler ?  Mais l’existence, aujourd’hui, de près de 14 000 détenus en surnombre n’est-elle pas suffisante pour défendre la nécessité de construire, tout en définissant une politique volontariste de réduction du nombre de détenus par le développement de la contrainte pénale et de la libération sous contrainte ?



Pierre V. Tournier   



NB. Ces indicateurs sont calculés par nos soins, sur la base des rares données mises en ligne sur le site du Ministère de la Justice  le    


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