mercredi 9 novembre 2016

Association « DES Maintenant en  Europe »

« Le courage en politique n’est pas toujours perdant »

Mercredi 9 novembre 2016.

Communiqué  de l’Association DES Maintenant en Europe
à la suite du rapport du Garde des Sceaux sur « La mise en œuvre de la loi du 15 août 2014  »     

     L’article 20 de la loi du 15 août 2014 « relative à l’individualisation des peines et renforçant l’efficacité des sanctions pénales »,  précisait que le Gouvernement remettrait un rapport  d’évaluation au Parlement, dans les deux ans suivant la promulgation de la loi, soit le 16 août 2016.  Ce rapport vient d’être mis en ligne sur le site du Ministère de la Justice.  Malgré le peu de données statistiques à notre disposition, nous savions déjà  que la contrainte pénale comme la libération sous contrainte étaient très peu prononcées par les juges, alors qu’elles avaient vocation à prévenir la récidive de par leur nature et de par la baisse de la surpopulation qu’elles devaient logiquement produire.  Ainsi, au cours du mois d‘octobre 2016, 105 contraintes pénales seulement ont été prononcées (France entière).

       Certes, nous sommes satisfaits d’apprendre que le Garde des Sceaux confirme, par l’analyse des pratiques auprès des magistrats et des fonctionnaires des SPIP, l’utilité de cette nouvelle sanction dans la communauté  et de cette nouvelle mesure de libération anticipée.  Mais comment admettre que Jean-Jacques Urvoas puisse se contenter, en terme de propositions,  « d’encourager l’ensemble des acteurs  à se les approprier davantage » ?  Est-ce suffisant alors que la population détenue ne cesse de croître à un rythme de plus en plus élevé (+ 2 750 détenus par an) et que l’on compte déjà plus de 14 000 détenus en surnombre ? (1) ?  Ces chiffres le prouvent : aucun programme de construction réaliste ne peut, à lui  seul, remédier à une telle situation.          

     Ainsi, comment comprendre que le rapport du Garde des Sceaux,  passe totalement sous silence,  le travail  considérable de la  commission « Pour une refonte du droit des peines »  présidée par M. Bruno Cotte, Président honoraire de la chambre criminelle de la Cour de cassation, ancien président de chambre de première instance à la Cour pénale internationale ? (2).  On le sait, le rapport de cette commission contient tout une série de propositions permettant de prolonger la réforme de 2014 qui n’était qu’une  première étape vers une refonte d’ensemble de l’échelle des peines.

     Faut-il rappeler  que la commission entendait, en particulier,  «  aujourd’hui proposer de faire évoluer  le suivi socio-judiciaire selon des modalités qui permettent d’envisager une suppression du sursis avec mise à l’épreuve sans que les juges soient pour autant privés de la souplesse qu’ils recherchent lorsqu’ils ont à prononcer une peine ? Elle considère que cette suppression apportera une indispensable clarification et présentera aussi l’avantage de donner à la contrainte pénale toute sa portée. »    

    Dans le contexte politique actuel, et compte tenu des échéances de 2017, on peut comprendre que le Garde des Sceaux puisse difficilement programmer un chantier  législatif d’ampleur sur la base des propositions de la commission Cotte. En revanche, il est impératif que les services de la Chancellerie  travaillent dès à présent sur ces propositions, en relation avec le Parlement  et l’ensemble des acteurs du champ pénal (professionnels et société civile).       

(1)  Source OPALE, 1er octobre 2016.

(2)  Le rapport « Cotte »  est en ligne sur le site de la Documentation française :  http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/164000019-pour-une-refonte-du-droit-des-peines



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